Les gens sont devenus fous… en tout cas, c’est ce qu’on peut penser à la lecture de la tribune de Henri-Pierre Jeudy (Sociologue, chercheur au CNRS) publiée dans Libération. Avec la vogue des plateformes de social networking, l’évolution des comportements qu’induisent les nouvelles technologies (Mobiles avec appareil photo et camera…) brouillent les repères entre vie privée, vie publique, intimité et extimité. Où s’arrête la vie privée ? où commence l’intimité ? Pas évident de faire le tri entre l’impression que c’est un mouvement sociétal de fond et l’impression que c’est un microphénomène qui focalise l’attention du microcosme parisiano-parisien. Et il est clair que les avis divergent.
Du social networking… à l’exhibitionnisme ?
Des millions d’inscrits à Copains d’avant, Myspace ou Viadeo, 93,8 millions de blogs… C’est autant de profiles renseignés et qualifiés, d’informations plus ou moins personnelles, d’images, de pensées qui lèvent le voile sur des intimités plus ou moins sincères et plus ou moins packagées. Entre LonelyGirl15, adolescente factice, et l’individu lamda qui livre sans réserve sa vie au tout venant, il y a une infinité de manière de gérer son intimité extériorisée, son extimité. Totale ou partielle elle apparaît comme une tendance lourde, sentiment qui se trouve sans doute renforcé par la nature même des plateformes qui se sont imposées dans le social networking. De Myspace à Facebook, la vie privée est la matière première. Il n’y a presque pas d’autres contenus que de l’intime, du personnel. Il en va de même sur FlickR : je peux accéder aux photos de mariage du collègue du collègue d’un client sans lui demander son avis. Ce phénomène, bien que réel, est peut-être sous une loupe voir sous un microscope à particules.
De l’intime pas si intime
Le fait est que si les internautes participent fortement à cette mise en spectacle de l’intime et du personnel, il y a une part non négligeable d’informations qui, bien que personnelles, ne disent pratiquement rien d’une personne : partager ses goûts musicaux sur Myspace, ses recettes sur Marmiton ou le nom de mon livre préféré sur Facebook dit-il vraiment quelque chose de soi ? Ou plutôt cela fait-il partie de mon intimité ? Je ne le crois pas.
L’intime : la clé du Web 2.0
En fait il ne s’agit que d’une clé d’entrée. Le web étant de plus en plus social et affinitaire c’est probablement le meilleur moyen d’accéder à ce que le Web 2.0 peut offrir : de la recommandation, du conseil, des échanges… De plus, prises séparément, ces informations dispersées sur la toile ne disent que peu de choses sur une personne, c’est quand toutes ces informations sont rassemblées que l’intime devient vie privée. Un bloggeur qui donne accès à toutes ses informations personnelles : Viadeo, Myspace, Facebook, FlickR… est beaucoup plus intimement exposé qu’un individu qui partage ce type de données de façon dispersée. Les informations personnelles ne deviennent réellement personnelles lorsqu’elles s’inscrivent dans un maillage : un nez ne définit pas un visage pas plus qu’une bouche, c’est l’ensemble qui définit un visage. Je crois que c’est avec ce maillage que les informations personnelles prennent une dimension réellement intime.
Dans une étude récente, Deloitte pronostiquait la décrue de ce phénomène et l’avènement de plateformes plus fermées à prix premium. Ce pronostic, fondé sur le fait que le social networking a pris son essor grâce à une population jeune, désargentée et sujette à une aversion au payant. C’est sûrement pas si vrai car ne l’oublions pas : si nous ne sommes pas des vedettes (de la vie ou du web) tout le monde se fout de notre vie ! Pour s’en assurer il suffit de voir que sur ces plateformes, les principaux publics des espaces d’exposition personnels sont… les intimes, des intimes à qui nous révélons déjà ces choses et bien d'autres encore.
2 commentaires:
Bientôt un individu n'aura plus besoin de s'afficher de manière unitaire et centralisée sur Internet afin de dévoiler son intimité puisque Spock (http://www.spock.com/) se chargera pour lui de rassembler toutes les données dispersées. Que celui qui tient un blog sur la physique quantique et qui a laissé des commentaires sur un forum de cuisine se méfie, on va bientôt croire qu'il fait dans la cuisine moléculaire...
C'est vrai, d'ailleurs ça va faire les beau jours des nettoyeurs du web... Cela dit, pour l'instant, spock ne m'a pas convaincu, j'ai l'impression qu'il s'appuie surtout sur les données de Linkedin. A suivre
Enregistrer un commentaire